Le Smart Grid représente une révolution majeure dans le système électrique algérien. Cette technologie innovante permet d’optimiser la distribution d’électricité grâce à une communication bidirectionnelle entre producteurs et consommateurs. Les réseaux intelligents jouent un rôle déterminant dans l’intégration des énergies renouvelables et la modernisation des infrastructures électriques du pays. Découvrez les avancées technologiques et les défis liés au déploiement du Smart Grid en Algérie.
Qu’est-ce qu’un smart Grid ou réseau électrique intelligent ?
La modernisation du réseau électrique national passe par l’adoption des technologies smart grid, permettant une gestion dynamique et bidirectionnelle des flux d’énergie. Ces systèmes avancés intègrent des capteurs intelligents et des outils d’analyse en temps réel pour optimiser la distribution.
L’architecture du smart grid repose sur trois composantes majeures : les compteurs communicants, les systèmes de supervision et les équipements de contrôle automatisé. Cette infrastructure numérique permet d’anticiper les pics de consommation et d’ajuster la production en conséquence.
Les bénéfices sont multiples pour les consommateurs algériens : facturation précise, détection rapide des anomalies et possibilité d’adapter sa consommation aux tarifs les plus avantageux. Pour les gestionnaires du réseau, cette technologie facilite la maintenance préventive et réduit les pertes techniques.

L’objectif d’un réseau intelligent Smart Grid est d’améliorer la fiabilité du réseau énergétique en soutenant des solutions alternatives. Il fournit un système stable qui ne peut être affecté par les défaillances du réseau. L’infrastructure d’un réseau intelligent est présentée à la figure suivante.

État actuel du réseau électrique algérien
Avec une puissance installée de 25 180 MW et une production annuelle de 91 231 GWh en 2022, le système électrique national affiche ainsi un taux de pénétration remarquable de 99,8%.
En ce qui concerne la distribution, elle s’organise autour de deux pôles majeurs : le réseau interconnecté du Nord et le réseau du pôle In Salah-Adrar-Timimoune.
Par ailleurs, sur le plan technique, le réseau de transport s’étend sur plus de 29 000 kilomètres, intégrant des lignes de 60 à 400 kV.
De surcroît, le maillage électrique national bénéficie d’une double interconnexion avec les réseaux marocain et tunisien via des lignes 400 kV, ce qui contribue à renforcer la stabilité du système.
À ce jour, les centrales utilisant le gaz comme énergie primaire représentent 95% de la puissance installée.
Enfin, le réseau interconnecté national assure aujourd’hui une couverture électrique de 99,8% du territoire, avec une puissance installée atteignant 25 180 MW en 2024. Cette infrastructure majeure se compose d’un réseau principal desservant le nord et d’un pôle spécifique pour le grand sud.
Dans les Wilayas du Sud, l’amélioration de l’efficacité du réseau se concrétise par la construction d’une double ligne THT 400 kV reliant Hassi R’mel à Timimoune sur 700 km. Ce projet stratégique renforcera la stabilité de l’approvisionnement des régions méridionales. (lancement du projet d’interconnexion du réseau électrique du sud avec le réseau national)
Sonelgaz et la transition énergétique
Le Groupe Sonelgaz s’engage résolument dans la transformation du paysage énergétique algérien. En effet, son programme ambitieux prévoit l’ajout de 9 043 MW d’énergies renouvelables d’ici 2025, répartis entre photovoltaïque, éolien et solaire concentré.
Parallèlement, la modernisation du réseau s’accompagne d’investissements massifs dans les infrastructures, avec la construction programmée de 834 postes haute tension et l’extension des lignes de transport sur plus de 34 000 km.
De plus, le développement des smart grids constitue un axe prioritaire, notamment à travers le projet pilote de compteurs intelligents à Diar El Bahri. Ainsi, cette expérimentation permet d’optimiser la gestion énergétique et d’améliorer la qualité du service aux usagers.
Développement des réseaux intelligents smart grid : Innovations techniques et académiques
La recherche universitaire algérienne stimule le développement des réseaux intelligents (Smart Grid). Les laboratoires de l’École Nationale Polytechnique d’Alger, développent des solutions novatrices pour l’optimisation des flux énergétiques.
Les avancées portent notamment sur la modélisation numérique des micro-réseaux et l’intégration des sources d’énergie distribuées. Les chercheurs utilisent des outils de simulation sophistiqués comme MATLAB/Simulink pour analyser le comportement des systèmes hybrides.
L’expertise nationale s’enrichit grâce aux partenariats internationaux, permettant le transfert de technologies avancées dans le domaine des compteurs communicants et des systèmes SCADA. La formation d’une nouvelle génération d’ingénieurs spécialisés renforce cette dynamique d’innovation.
L’intégration des énergies renouvelables
La modernisation du réseau électrique algérien s’accélère pour accueillir les nouvelles sources d’énergie verte. Les systèmes de contrôle automatisés permettent désormais une gestion optimale des flux intermittents issus des installations solaires et éoliennes.
Les compteurs intelligents déployés par Sonelgaz jouent un rôle central dans cette transformation. Leur capacité à analyser en temps réel la production et la consommation facilite l’équilibrage du réseau lors des variations de production renouvelable.
L’architecture numérique mise en place priorise la stabilité du réseau grâce à des algorithmes prédictifs. Ces outils anticipent les pics de production solaire et adaptent dynamiquement la distribution, garantissant une alimentation fiable malgré l’intermittence des sources vertes.
Potentiel des énergies renouvelables en algérie
L’Algérie dispose de vastes réserves de ressources énergétiques, principalement du pétrole et de l’énergie solaire. Il existe une capacité respectable d’utilisation des sources d’énergie renouvelables, en particulier l’énergie solaire et l’énergie éolienne. L’Algérie possède l’un des plus grands potentiels solaires au monde, estimé à 13,9 TWh par an. Le pays reçoit une exposition annuelle équivalente au soleil de 2500 kWh/m².
A) L’énergie solaire
La capacité d’énergie solaire est de 7,26 kWh/m2dans le sud et de 4,66 kWh/m2dans le nord de l’Algérie. Le temps mort sur la quasi-totalité du territoire national dépasse 2000 heures et 3900 heures (Hauts Plateaux et région Sud). Les 10 000 pieds carrés (2200 kWh/m²/an pour le nord et 2263 kWh/m²/an pour le sud du pays) représentent 10 kWh et ce sur la majeure partie du territoire national comme le montre le tableau

B) L’énergie éolienne
L’énergie éolienne est une ressource énergétique renouvelable importante et efficace en Algérie. Les vents les plus forts soufflent dans le sud-ouest, comme le montre la figure, en particulier près d’Adrar. Ainsi, les premier parc éolien a été achevé en 2013 et produit 10 MW grâce à l’installation de 12 turbines Gamesa de 850 kW.

D) Énergie géothermique
Il existe plus de 240 sites d’inventaire des sources thermales en Algérie. La température des eaux chaudes algériennes varie entre 22 et 98 °C. Les températures enregistrées des sources les plus élevées sont de 68 °C dans la zone ouest (Hammam Bouhnifia), 80 °C dans la zone centrale (Hammam El Biban) et 98 °C dans la zone est (Hammam Maskhoutine) dans le nord de l’Algérie, comme le montre la figure 3. Il existe quelques sources chaudes dans le sud, dont la température moyenne est de 50 °C.

D) L’énergie de la biomasse
L’énergie de la biomasse constitue un autre potentiel énergétique de l’Algérie. La production annuelle de déchets municipaux est supérieure à 10 millions de tonnes selon le rapport du cadastre national. Les déchets solides sont éliminés dans des décharges à ciel ouvert ou brûlés de manière désagréable. Les effluents d’eaux usées peuvent être dirigés vers des stations d’épuration. Les matières vertes et solides appropriées sont converties en biogaz.
Défis et perspectives d’avenir pour un réseau smart grid
La modernisation du réseau électrique algérien vers un smart grid soulève des questions cruciales pour le futur. La cybersécurité représente un défi majeur, nécessitant des investissements substantiels dans les systèmes de protection des données et des infrastructures.
L’acceptation sociale constitue un autre enjeu clé. Les consommateurs doivent être accompagnés dans cette transition numérique pour comprendre les bénéfices des compteurs intelligents.
La formation des techniciens aux nouvelles technologies requiert une adaptation des programmes éducatifs. Les universités algériennes développent des cursus spécialisés pour préparer les professionnels aux métiers du smart grid. Cette évolution des compétences garantira une gestion optimale des réseaux intelligents sur le long terme.